Une lecture des “Fleurs du Mal” (1972)

fleurs

Le présent essai constitue une reconnaissance, dans toutes les acceptions de ce terme, de l’univers sémantique des Fleurs du Mal de Baudelaire : il découvre les singularités, c’est-à-dire les événements sémiotiques de caractère syntagmatique, les différences reconduites et filées, les disjonctions et les neutralisations qui articulent cet univers et qui « redressées », annoncent les rudiments d’un code, d’abord construit par extraction et puis progressivement validé par convocation des occurrences et des équivalences et résorption des écarts apparus.
Reconnaissance aussi par les limites de toute entreprise analogue : la corrélation entre le plan de l’expression et le plan du contenu qui définit actuellement l’objet poétique n’est pas ici envisagée. En effet « ce tissu d’hiéroglyphes entassés les uns sur les autres » qui peignent la pensée et qui conduisait Diderot à poser dès 1751 que « toute poésie est emblématique », cet isomorphisme des deux niveaux n’a reçu que des vérifications ponctuelles ou circonstancielles, trop fragiles pour constituer des hypothèses couvrant une œuvre entière.
Reconnaissance enfin en ce sens qu’aucune terre n’est exclue : à côté des figures traditionnelles, dites baudelairiennes – censure recréant subtilement une norme – sont promues des figures non moins significatives tels que le fourmillement, la nutrition, l’étouffement, la voix… qui forment très évidemment les conditions de lisibilité des précédentes. Reconnaissance des isotopies et des parcours préférentiels le long de ces isotopies, c’est-à-dire des rapports de transformation tantôt suivis, tantôt rebroussés qui clôturent l’œuvre. Une lecture des “Fleurs du Mal”. Tours: Mame, 1972.