Valence

Comme le terme d’isotopie, forgé à partir de l’adjectif “isotope” courant en chimie, le terme de valence est importé du vocabulaire de la chimie. À notre connaissance, cet emprunt est d’abord le fait de Cassirer dans La philosophie des formes symboliques:«Cette transformation a lieu lorsque des significations – ou des “valences” – différentes sont attribuées aux différents moments du devenir fuyant.» (Philosophie des formes symboliques, tome 3, p. 178.). Grosso modo les valences occupent dans l’hypothèse tensive la place dévolue aux sèmes jusque-là. Toutefois, les valences se distinguent des sèmes sous quatre rapports au moins. Les valences seraient en nombre fini, ce qui n’est pas le cas des sèmes, même si dans les années 70 il était admis, par analogie avec les succès de l’analyse phonologique, qu’une vingtaine de paires de sèmes suffirait pour décrire la totalité des microunivers sémantiques existants. L’affirmation de la finitude de l’inventaire des sèmes se heurte au fait que pratiquement les sèmes se confondent avec l’inventaire ouvert des adjectifs dits qualificatifs en langue. En second lieu, les valences sontinterdéfinies, isomorphes et solidaires les unes des autres en vertu de relations de dépendance strictes. En troisième lieu, les valences s’inscrivent dans l’espace tensif, lequel est une “image” plausible du champ de présence, ce qui n’est pas le cas des sèmes. Du point de vue figuratif, si les sèmes sont des traits et des participes passés, les valences sont plutôt des vecteurs et des participes présents en devenir aussi longtemps que l’aspectualité n’a pas stoppé leur élan.

(voir valeur)