Tri

Le tri est, avec le mélange, l’une des deux grandes opérations de la syntaxe extensive, c’est-à-dire de la syntaxe qui intéresse les états de choses. La coexistence et la collaboration des deux types d’opérations rend compte du processus de configuration du monde décrit par Cassirer: «La distinction spatiale primaire, (…) est la distinction entre deux provinces de l’être: une province de l’habituel, du toujours-accessible, et une région sacrée, qu’on a dégagée et séparée de ce qui l’entoure, qu’on a clôturée et qu’on a protégée du monde extérieur.» (La philosophie des formes symboliques, tome 2, p. 111). Ainsi sont mises en place deux sphères, celle du sacré et du profane. L’opération de tri dégageant le sacré présente deux caractéristiques opposées: (i) une caractéristique disjonctive: la formation d’un «templum (…) (qui) remonte à la racine grecque tem-,couper, et ne signifie rien d’autre que ce qui est découpé, ce qui est délimité.» (ibid., p. 127); (ii) une caractéristique “prosodique”: telle grandeur, ici telle région, reçoit en dernière analyse: gracieusement? – un accent, tantôt un “accent de sens”, tantôt un “accent sacral”; tout se passe comme si la grandeur accentuée, quelle que soit l’isotopie envisagée, confisquait “à son profit”, arbitrairement? la phorie des grandeurs non accentuées, c’est-à-dire du point de vue interprétatif, désaccentuées. Si une opération de tri parvient à son terme, elle aboutit à l’information d’une valeur d’absolu éclatante et exclusive, pour ceux qui sont persuadés de leur bien-fondé, mais que leurs contempteurs s’empresseront de dire: éclatante mais exclusive.

(voir mélangespatialité)