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Récursivité

La plupart des théories ne font pas grand cas de la récursivité et n’y voient qu’un effet, bientôt comique, de rallonge: a de de de de e… qui se détruit de lui-même. Et, de fait, cette figure par elle-même ne signifie pas grand-chose. Nous aimerions montrer que, rapportée à l’espace tensif, la récursivité a des vertus cachées. Nous commencerons par rappeler que la syntaxe intensive enchaîne en ascendance le relèvement et le redoublement, en décadence l’atténuation et l’amenuisement. Nous savons par ailleurs que la syntaxe est contrôlée par la tension entre l’implication et la concession. Si nous rabattons l’une sur l’autre ces deux données, nous sommes fondé à dire qu’en ascendance l’on passe par implication doxale du relèvement au redoublement, comme l’on passe de l’imperfectif au perfectif dans le dessein de pallier une insuffisance. La suffisance étant réalisée, il est clair que tel qui entend pousser au-delà le fait par concession, défi ou provocation ; c’est dire qu’il exerce, en redoublant le redoublement, ce que l’on pourrait appeler son “droit imprescriptible” à la récursivité; en se comportant de la sorte, il entend accomplir un dépassement. Soit le système suivant:

 recursivite

De cet exercice de la récursivité, la seconde strophe du Poison de Baudelaire fournit un
exemple insigne :

L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes,
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l’âme au delà de sa capacité.

La seconde vertu sémiotique de la récursivité réside dans le fait qu’elle est au principe du partage même des modes d’efficience en ce sens que le survenir la rejette absolument, tandis que le parvenir l’exige. Nous l’avons vu plus haut en faisant état de la représentation du travail selon Baudelaire. Ce fragment de Fusées est encore plus explicite: «Un peu de travail, répété trois cent soixante-cinq fois, donne trois cent soixante-cinq fois un peu d’argent, c’est-à-dire une somme énorme. En même temps, la gloire est faite.» (Œuvres complètes, p. 1200). Baudelaire a conscience de l’ambivalence propre à la récursivité: on peut considérer l’exercice de la récursivité comme une sémiotique implicite: la répétition relèverait du plan de l’expression et ne signifierait que la reproduction; elle est déceptivecomme l’indique le tryptique fameux: “boulot-métro-dodo”, mais la récursivité a pour plan du contenu l’additivité: chaque «peu d’argent» péniblement obtenu s’ajoute aux précédents et finit par produire une «somme énorme». Baudelaire montre une conscience aiguë de l’inconciliation des modes d’efficience. Dans le domaine esthétique, l’identification du “beau” et du “bizarre” – «Le Beau est toujours bizarre.» – fait prévaloir le survenir, mais ailleurs Baudelaire rappelle la prééminence éthique du parvenir: «Etudier dans tous ses modes, dans les œuvres de la nature et dans les œuvres de l’homme, l’universelle et éternelle loi de la gradation, des peu à peu, du petit à petit, avec les forces progressivement croissantes, comme les intérêts en matière de finances. Il en est de même dans l’habileté artistique et littéraire; il en est de même dans le trésor variable de la volonté.» (Œuvres complètes, pp. 1226-1227).

(voir concessionimplicationdémarcation)

Phorème

Dans Le nouvel esprit scientifique, Bachelard affirme à propos de la physique que «l’énergie reste sans figures» (p. 67); ce constat vaut également pour les sciences dites humaines. Sur le modèle des néologismes auxquels la linguistique a au cours du temps fait appel, le terme de phorème se propose de pourvoir en figures aussi simples que possible cette «energeia» à laquelle Hjelmslev dans les Principes de grammaire générale identifiait le synchronique: «le synchronique est une activité, une energeia.» (p. 56). La reconnaissance de cette dynamique dans le plan de l’expression ne pose plus de problème. Dans le plan du contenu, les choses se présentent différemment: une discipline, hier honorée, aujourd’hui déchue, la rhétorique tropologique a pour objet la force du discours et elle a pour tâche d’identifier précisément les «figures du discours» (Fontanier) les plus efficaces. Mais comme la linguistique, à l’exception de Jakobson, a pour ainsi dire divorcé d’avec la rhétorique, tout se passe comme la linguistique avait préféré le système au procès, tandis que la rhétorique aurait fait le choix inverse: ici une efficience sans savoir raisonné, là un savoir raisonné sans efficience. Nous retrouvons une ambivalence bien connue: les uns démontrent sans persuader, les autres persuadent sans démontrer… Le propos est aisé à formuler: il s’agit d’appréhender les figures élémentaires de la phorie, dont il faut rappeler qu’elle a le mérite de dynamiser le carré sémiotique. Ces figures, nous les recevons plutôt comme des participes présents que comme des participes, plutôt comme des vecteurs que comme des traits. Nous avons trouvé sous la plume de Binswanger une triade que nous avons jugée prometteuse: «La forme spatiale avec laquelle nous avons eu jusqu’à présent affaire, était ainsi caractérisée par la direction, la position et le mouvement.» (Le problème de l’espace en psychopathologie, p.79). Nous nous sommes permis de remplacer “mouvement” par “élan” afin de disposer d’un terme présentant le classème “animé”. Sous bénéfice d’inventaire, l’inventaire des phorèmes est, comme il se doit, réduit et aligne la direction, la position et l’élan. Disposant de cette grille nullement exorbitante, nous l’avons projetée d’abord sur les deux sous-dimensions intensives: le tempo et la tonicité, ensuite sur les deux sous-dimensions extensives: la temporalité et la spatialité. Ce qui a trois conséquences: (i) en vertu de l’analyse en phorèmes, une sub-valence compose unphorème et une sous-dimension; (ii) les sous-dimensions ont, en raison de la procédure suivie, la même organisation; la spatialisation du temps comme la temporalisation de l’espace cessent dès lors de faire problème; (iii) dans ces limites, le produit de trois invariantes par quatre sousdimensions donne douze combinaisons possibles rabattables les unes sur les autres, soit à partir d’un phorème, soit à partir d’une sous-dimension.

(voir dimensiondéfinitioninterdéfinition, valence)

Parvenir

Couplé avec le survenir, le parvenir est l’un des deux modes d’efficience, c’est-à-dire l’une des deux manières pour une grandeur d’accéder au champ de présence et de s’y établir. La physionomie du parvenir est tributaire de sa relation au survenir, c’est-à-dire des écarts valenciels que l’on enregistre. Le tempo dirige l’aspectualité et le nombre: la céléritévirtualise la segmentation, tandis que la lenteur permet la divisibilité et la progressivité “à vue”. L’opposition entre les deux modes d’efficience ressort ainsi :

 parvenir1

 

L’opposition décisive est sans doute celle du nombre. Dans ce que l’on appelle ses “journaux”, Baudelaire oppose le travail au jeu en ces termes: «Le travail, force progressive et accumulation, portant intérêts comme le capital, dans les facultés comme dans les résultats. Le jeu, même dirigé par la science, force intermittente, sera vaincu, si fructueux qu’il soit, par le travail, si petit qu’il soit, mais continu.»

 parvenir2

 

Un point mérite d’être souligné : entre les catégories, certaines relations sont implicatives, comme par exemple celle entre le mode d’efficience et le nombre ; par contre, pour Baudelaire, la catégorie subjectale de l’attrait est, dans son rapport aux autres catégories, concessive : en dépit de sa négativité, le jeu est attrayant, comme en dépit de sa positivité le travail est sans attrait.

(voir survenirdémarcation)

Objet

La langue française ne dispose pas comme la langue allemande d’un couple de termes: Gegenstand/Objekt, permettant d’entrée de prévenir certains malentendus. Comme pour bien d’autres termes, la sémiotique, tard venue comme discipline rigoureuse, a été précédée par la philosophie et pour ce point particulier par l’épistémologie. Dans la perspective hjelmslevienne, l’approche de l’objet se veut strictement cognitive et ne conserve de l’objet que sa texture relationnelle: «Les “objets” du réalisme naïf se réduisent alors à des points d’intersection de ces faisceaux de rapports; (…)» (Prolégomènes, p. 36). Avec la définition de la structure, cette proposition constitue la charte du structuralisme “raisonnable”. Mais la conséquence que Hjelmslev en tire plus loin: «Il se constituerait ainsi, en réaction contre la linguistique traditionnelle, une linguistique dont la science de l’expression ne serait pas une phonétique et dont la science du contenu ne serait pas une sémantique. Une telle science serait alors une algèbre de la langue qui opérerait sur des grandeurs non dénommées (…)». (Ibid., p. 102) aboutit à confier la phonétique et la sémantique à la substance et dans une certaine mesure à les disqualifier. La conception de l’objet avancée par la sémiotique greimassienne est tributaire du primat accordée à lanarrativité. Mais si l’on convient, ainsi que le recommandait Greimas lui même, de “sortir de Propp”, la problématique de l’objet se présente sous un jour nouveau. La démarche consiste à rapatrier l’objet dans l’espace tensif et à observer ce qui se passe en intensité et enextensité. En intensité, l’objet de valeur est détenteur de l’«accent de sens» (Cassirer): «Le mythe s’en tient exclusivement à la présence de son objet, à l’intensité avec laquelle celui-ci assaille la conscience à un instant déterminé et prend possession d’elle.» (La philosophie des formes symboliques, tome 2, p. 57). Corrélativement, l’objet se définit par le quantumd’imprévu qu’il projette en se manifestant: «Le seul noyau un peu ferme qui semble nous rester pour définir le mana est l’impression d’extraordinaire, d’inhabituel et d’insolite.»(ibid., p. 103). En extensité, l’objet, dans la mesure où il est soumis aux opérations de tri et de mélange propres à la syntaxe extensive, se définit par ce que nous suggérons d’appeler son coefficient de composition en discours; cet indice est faible, voire nul, quand c’est une valeur d’absolu qui est traitée; il est élevé, voire infini, quand il s’agit d’une valeur d’univers. Ces deux déterminations constituent le plan du contenu de l’objet; les autres caractéristiques de l’objet relèvent du plan de l’expression de l’objet. Il serait souhaitable de réserver le terme d’“objet” au plan du contenu et celui de “chose” à celui de l’expression, mais nous sommes bien conscient que ce souhait est tout à fait irréalisable. S’il fallait à tout prix proposer un motif de concordance entre ces différentes approches, nous dirions que, si la syntaxe intensive nous présente une activation de l’objet et une passivation du sujet, la syntaxe extensive restitue au sujet des possibilités de traitement des objets dans la perspective ouverte par Greimas et Fr. Bastide.

(voir intersectiontensivitéréseaudéfinitionsurvenir)

Mode d’efficience

Par mode d’efficience, nous désignons la manière dont une grandeur est susceptible de pénétrer dans le champ de présence, ce qui suppose le contraste entre un avant et un après, mais structuré de façon telle que l’après précède l’avant. Le point est difficile dans la mesure où la plupart des théories s’en tiennent à un maintenant ou à undésormais, certes inauguraux, sans s’inquiéter pourtant de la teneur de cette surrection. Le paradigme des mode d’efficience distingue, pour le moment, entre le survenir et le parvenir. L’axe sémantique commun aux deux modes est l’advenir.

(voir survenir et parvenir)

Mélange

Emprunté à la langue courante, le mélange est une notion qui intervient en deux circonstances très différentes. Le mélange est, avec le tri, l’une des deux grandes opérations de la syntaxe extensive, c’est-à-dire de la syntaxe qui intéresse les états de choses. Un objet valant d’abord par son indice de composition élevé ou nul, avec d’autres objets, le sujet, selon la visée qui est la sienne, opère des tris ou des mélanges. La solidarité des deux opérations a cette conséquence qu’un tri a nécessairement pour objet un mélange antérieur, dans l’exacte mesure où un melange n’est envisageable que s’il porte sur un tri antérieur stabilisé. L’opération de mélange est récursive, et si elle épuise bientôt les possibilités du domaine, elle établit une valeur que nous disons d’univers, comme on peut le voir dans la question actuelle du “métissage généralisé” que nous vivrions ; ce terme de métissage est pris ici dans son sens dit figuré, mais le sens figuré, précisément parce qu’il étend les emplois, c’est-à-dire qu’il se “mélange” à de nouveaux classèmes, isole de facto le noyau lexématique. En second lieu, le terme de mélange retrouve son sens étroit, technique, quand il est appliqué aux opérations de traitement de la matière étudiées par Greimas et Fr. Bastide.

(voir trivaleur)

Intervalle

Sans l’avoir recherché, le point de vue tensif est amené par diverses voies à user de la notion d’intervalle. Au moins en trois circonstances; (i) la dépendance des unités signifiantes à l’égard des phorèmes (la direction, la position, l’élan) nous a conduit à préférer la notion de vecteur à celle de trait, et cette substitution est en concordance avec la notion d’intervalle; (ii) la tension entre la démarcation, “mère” des limites, et la segmentation, “mère” des degrés, affirme d’emblée la pertinence du concept d’intervalle; la tension entre les sur-contraires et les sous-contraires va dans le même sens, puisque les sous-contraires sont compris “dans” les sur-contraires; (iii) les analysantes respectives des dimensions sont transitives et projettent des intervalles simples et “stabilisables”:

intervale

(voir phorèmedémarcationévénementsegmentation)La notion d’intervalle demeure, nous semble-t-il, sous-estimée. Mesure gardée: si le point de vue s’avère consistant, la notion d’intervalle pourrait devenir son ”drapeau”, de même que le terme de “différence” résume l’entreprise saussurienne, celui de “dépendance” l’entreprise hjelmslevienne, celui d’“opposition” l’entreprise greimassienne. La notion d’intervalle concourt à l’inconciliation des points de vue et des formes de vie: le monde “médiocre” des sous-contraires [s2 ÷ s3] s’oppose, sous le double rapport de l’intensité et de l’extensité, c’est-à-dire du vécu et du conçu, au monde “exaltant” des surcontraires [s4÷ s1]; les valeurs immanentes au monde des sous-contraires ne sont pas recevables dans le monde des sur-contraires, comme ce raccourci de Valéry l’indique: «Le monde ne vaut que par les extrêmes et ne dure que par les moyens… Il ne vaut que par les ultras et ne dure que par les modérés.» (Cahiers, tome 2, p. 1368). Dans la même perspective, c’est le partage de l’explicable et de l’inexplicable qui s’esquisse: si un événement s’inscrit dans un univers admettant les sur-contraires, la rationalité imaginée pour traiter un univers de sous-contraires est récusée au nom de la disproportion: le monde du plus ou moins n’est pas qualifié pour dire le monde du tout ou rien – et réciproquement.

Intersection

Cette image forte fournit à l’analyse son objet: «Les “objets” du réalisme naïf se réduisent alors à des points d’intersection de ces faisceaux de rapports; cela veut dire qu’eux seuls permettent une description des objets qui ne peuvent être scientifiquement définis et compris que de cette manière.» (p. 36). De ce point de vue, la tensivité n’est rien d’autre que l’intersection de l’intensité et de l’extensité, du sensible et de l’intelligible; cet ajointement consacre l’autorité de l’intensité sur l’extensité dans les termes du «phénomène d’expression» analysé par Cassirer: «Elle (la perception) ne se résout jamais en un simple complexe – comme clair ou sombre, froid ou chaud –, mais s’accorde chaque fois à une tonalité d’expression déterminée et spécifique; elle n’est jamais réglée exclusivement sur le “quoi” de l’objet, mais saisit le mode de son apparition globale, le caractère du séduisant ou du menaçant, du familier ou de l’inquiétant, de l’apaisant ou de l’effrayant qui réside dans ce phénomène pris purement comme tel et indépendamment de son interprétation objective.» (La philosophie des formes symboliques,tome 3, pp. 82-83). La difficulté n’est pas niable: il est clair que nous empruntons à Hjelmslev un concept que nous détournons, puisque le sensible tel qu’il est décrit ici est à ses yeux seulement un chapitre de la substance du contenu, mais si nous sommes capable de poser à propos du sensible des relations explicites de dépendance ou d’interdépendance, l’objection perd de sa vigueur.

(voir objetdéfinitionréseau)

Interdéfinition

L’interdéfinition est une notion capitale pour et dans la théoriehjelmslevienne, indifférente sinon. Aux yeux de l’auteur des Prolégomènes, l’interdéfinitionconsiste à «pousser aussi loin les définitions aussi loin que possible, et introduire partout des définitions préalables avant celles qui les présupposent.» (Prolégomènes, p. 33); Hjelmslev lui-même parle d’«outrance.» À ses yeux, l’interdéfinition répond de la scientificité de la théorie. Ce souci définit un style théorique qui pose un centre, désigné comme une«constance concentrique», à partir duquel, telles des ondes sur l’eau, les catégories se déploient et assimilent les grandeurs qu’elles rencontrent et qu’elles capturent. Du point de vue discursif, l’exigence de l’interdéfinition s’appuie sur plusieurs arguments: (i) le rejet des axiomes et postulats qui circulairement sont jugés extrinsèques; (ii) l’affirmation raisonnable de l’homogénéité, puisque les rapports significatifs ne sont que des rapports de dépendance ou d’interdépendance; (iii) la conviction que le procès respecte les possibilités et les limites que le système prévoit. L’implication demeure la pièce maîtresse, et seule, la«constellation», c’est-à-dire la relation entre deux variables, ménage une place à la concession. Toutes les théories entendent contrôler leur “amont” et leur “aval”. Pour ce qui concerne l’“amont”, Hjelmslev reconnaît honnêtement l’existence de quatre concepts«indéfinissables spécifiques»description, objet, dépendance, homogénéité, puis de trois concepts «indéfinissables non spécifiques»présence, nécessité, condition. Pour ce qui regarde l’“aval”, c’est-à-dire quand il s’agit d’appliquer la théorie, Hjelmslev rencontre autant de difficultés qu’un autre comme on peut le voir dans les dernières pages de La catégorie des cas. Seul Hjelmslev a réussi à fondre, à homogénéiser deux problématiques: celle de l’interdéfinition et celle de la «constance concentrique». Pour l’entreprisegreimassienne, nous dirons qu’elle produit des définitions rigoureuses, mais si des renvois pertinents sont indiqués dans Sémiotique 1, cela tient à la prégnance de la «constance concentrique» adoptée, à savoir la formalisation de la narrativité proppienne. La démarchehjelmslevienne n’est pas à nos yeux reproductible, celle de Greimas l’est en droit puisqu’elle demande seulement l’adoption de telle «constance concentrique», comme on le voit avec l’inconscient freudien ou la lutte des classes dans le cas du marxisme orthodoxe.

(voir définitionextensif)

Intensité

Du point de vue tensif, la dimension de l’intensité a pour tension génératrice: [éclatant vs faible]; elle subsume deux sous-dimensions: le tempo et la tonicité; nous définissons l’éclat comme le produit des sub-valences saturées de tempo et de tonicité. Faut-il l’avouer: il est bien cas où il est malaisé de distinguer l’intensité et la tonicité. Seuls peut-être les artistes sont-ils à même de reconnaître la dette de la subjugation esthétique à l’intensité. C’est du moins dans cet esprit que Baudelaire fait l’éloge de l’acteur Ph.Rouvière: «Ils (les beaux ouvrages) contiennent la grâce littéraire suprême, qui est l’énergie: il [Ph. Rouvière] a cette grâce suprême, décisive – l’énergie, l’intensité dans le geste, dans la parole, dans le regard.» (Œuvres complètes, p. 985). De son côté, Michaux dans un texte portant sur la création littéraire insiste en ces termes: «Mais, sans une certaine extrême, extrême concentration, il n’y a pas action directe, massive, permanente, magique de cette pensée sur celui qui l’a pensée. Intensité, intensité, intensité dans l’unité, voilà qui est indispensable. Il y a un certain seuil, à partir duquel, mais pas avant, une pensée sentiment compte, compte autrement, compte vraiment, etprend un pouvoir. Elle pourra même rayonner…» (Œuvres complètes, tome 2, p. 377).